Le cru de Manicle.
Manicle est un coteau du Bugey, un lieu-dit situé sur la commune de Cheignieu-la-Balme en plein coeur du Bugey.
Sa situation est particulière à bien des égards :
Le vignoble est planté au pied d'une falaise haute de 520 mètres qui emmagasine la chaleur du soleil, le jour, et qui restitue cette chaleur, la nuit.
L'aire cultivée se situe entre 300 et 350 mètres d'altitude et n'est composée que d’une dizaine d’hectares uniquement plantés en pinot (pour les rouges) et en chardonnay (pour les blancs) sur un sol argilo-calcaire parsemé d’éboulis pierreux.
Compte tenu de cette singularité, ce terroir exceptionnel permet de récolter les meilleurs vins du Bugey.
La production est de 460 à 500 hectolitres par an, avec des rendements légaux fixés entre 53 et 61 hectolitres par hectare pour les rouges (au lieu de 60 à 68 pour les autres bugey rouges) et de 63 à 69 pour les blancs (au lieu de 67 à 74 pour les autres bugey blancs).
D'abord classé VDQS en 1958, le cru Manicle bénéficie depuis le 28 mai 2009 d'une reconnaissance au sein de l'AOC bugey avec dénomination géographique « manicle ».
L'origine du mot manicle est à rapprocher du nom d'un outil, la maniclette.
Histoire du vignoble de Manicle.
Le développement du vignoble de Manicle date des moines de l'abbaye de Saint-Sulpice à Thézillieu.
Le manicle était produit à la fin du 19ème siècle sur une surface de 65 hectares.
Le phylloxéra a quasiment fait disparaître le vignoble. La renaissance se fit très lentement, sur de petites surfaces isolées les unes des autres, avec des plans greffés, en replantant avec des cépages provenant de Bourgogne.
Au tout début du 19ème siècle, une partie de cette vigne a appartenu à Brillat Savarin qui y possédait son grangeon.

Jean Anthelme Brillat-Savarin est un enfant du pays né à Belley le 1er avril 1755.
Il est l'ancêtre et le modèle de tous les critiques gastronomiques, l'auteur du fameux traité sur la Physiologie du Goût et le créateur du mot convivialité.
"Prétendre qu'il ne faut pas changer de vin est une hérésie; la langue se sature, et après le troisième verre, le meilleur vin n'éveille plus qu'une sensation obtuse".
Le manicle était produit à la fin du 19ème siècle sur une surface de 65 hectares.
Le phylloxéra a quasiment fait disparaître le vignoble. La renaissance se fit très lentement, sur de petites surfaces isolées les unes des autres, avec des plans greffés, en replantant avec des cépages provenant de Bourgogne.
Le cépage pinot est arrivé au début du 20 siècle avec des ouvriers bourguignons, rétifs à la mondeuse locale, plutôt âpre et qui demande un savoir-faire patient.
Le Manicle rouge affiche un caractère très marqué, puissant, structuré, suffisamment acide pour vieillir, et rehaussé par l’élevage en fûts de chêne.
Le manicle rouge a une robe d'un rouge très clair, il affiche un caractère très marqué, puissant et structuré, Il est suffisamment acide pour vieillir quelques années, le temps d’arrondir les tanins.
La bouche est ample, avec des fruits rouges, cassis principalement, qui ne demanderont qu’à confire avec le temps.
On retrouve également un parfum caractéristique de truffe, rien d’étonnant puisque la parcelle d’origine est nichée là où des truffes poussaient naturellement...
Le manicle blanc est quant à lui un vin relativement puissant (proche d'un bourgogne) qui présente de la structure, du gras et un bouquet aromatique complexe.
Article du Progrès publié le 23/07/2011:
Le manicle, l’or des vins du Bugey
Souvent comparé en qualité aux vins de Bourgogne, le manicle est victime de sa rareté
« A partir de février, en un mois et demi, je n’ai plus de blanc à vendre. Je suis obligé de limiter les clients. » André Miraillet est le plus ancien des trois producteurs de manicle. Décliné en blanc ou en rouge, ce fleuron de l’Appellation d’origine contrôlée (AOC) de vins du Bugey est victime de son succès, de ses petits rendements et de sa petite superficie.
Au pied d’une falaise calcaire, entre Cheignieu-la-Balme et Pugieu, les 10,5 hectares de chardonnay et de pinot noir bénéficient d’une exposition et d’un microclimat exceptionnels. Ils en tirent une minéralité et un fruité rares.
Aux archives départementales de l’Ain, le plus ancien document connu attestant la présence de la vigne sur le coteau de manicle remonte au XV e siècle. Caution de la qualité exceptionnelle du site : la famille de Brillat-Savarin y avait acheté un grangeon. Ce lieu, où tout est encore vendangé à la main, tire son nom de la manicle, gant du bourrelier.
En 1895, pour fêter la fin de ses deux années de travaux sur le réseau d’eau, un entrepreneur bourguignon amène du vin rouge de sa région. L’arrière-grand-père d’André Miraillet tombe sous le charme, et fait alors venir des ceps de pinot noir qui ont depuis, peu à peu, remplacé la mondeuse.
C’est le début de l’histoire de cette petite appellation qui ne renie pas ses origines, tout en affirmant ses racines.
« Pour certains clients, le manicle ressemble aux bourgognes. Il y a des points communs, c’est vrai, mais nous ne sommes pas sur le même terroir. Donc nous, on n’en parle jamais. Le manicle n’est ni comparable ni à comparer avec les bourgognes. Notre AOC, c’est une spécificité qu’on doit pouvoir expliquer. Il faut mettre en avant le lien au terroir », tranche Jean Chaudet, patron emblématique du Caveau bugiste, qui a la plus belle superficie de manicle avec 6,5 hectares.
Il y élabore deux cuvées spéciales en blanc et deux en rouge, plus puissantes et aromatiques, qui s’ouvriront d’ici trois ans : « Au fil des années, à la dégustation des fûts, on a remarqué qu’il y avait des choses très différentes selon les parcelles. »
« On travaille le manicle comme un grand vin, sur lie, pour lui permettre de s’exprimer », confie Hubert Monin, à la tête du Domaine Monin avec son frère Philippe. « Le blanc s’arrache car on peut le boire vite et qu’il reste excellent dans les mauvaises années. Pour le rouge, il faut une année ensoleillée, une récolte saine. Le pinot noir est un cépage très délicat, qui donne des vins fruités et féminins. »
Contrairement aux deux autres domaines où les vins passent six à douze mois en fût, les raisins d’André Miraillet ne voient plus le chêne depuis quarante ans. « J’aime le goût du fruit, c’est pour ça que je ne boise pas et que je vinifie dans des cuves en inox. Du coup, j’ai moins de frais que mes deux voisins », justifie le vigneron qui sera à la retraite dans deux ans.
Malgré sa rareté, le manicle n’a pas cédé à l’inflation. Mais le fleuron viticole du Bugey ne rapporte pas, à cause de ses faibles quantités. « Quand on fait les comptes, on n’est pas gagnant ces cinq dernières années », assure Jean Chaudet. Mais la qualité et le prestige du manicle restent intacts et entretenus. « Tout part trop vite. Il nous arrive de retarder la mise en vente d’un millésime d’un ou deux mois. Ce qui est rassurant, c’est qu’il y a de plus en plus de clients jeunes, qui préfèrent acheter deux bouteilles à plus de 10 euros que cinq bouteilles à 4 euros, même si notre métier c’est aussi de faire de bons vins à 4 euros ». C’est aussi cela, le charme des vins du Bugey.
Clos Miraillet, à Cheignieu-la-Balme Tél. : 04 79 81 80 36
Domaine Monin, à Vongnes Tél. : 04 79 87 92 33
Caveau bugiste, à Vongnes Tél. : 04 79 87 92 32
Ci-après un article portant sur la confrérie du grangeon de manicle:
http://www.caveau-bugiste.fr/content/30-la-confrerie-du-grangeon-de-manicle
La Confrérie du Grangeon de Manicle- janvier 2007
Le Grangeon de Manicle en quelques mots
En l'an 2000, le bugiste Gabriel Valentino s'avisait que le célèbre vin des coteaux du Manicle (rouge et blanc) du nom du village qui en est le coeur géographique, méritait bien une confrérie attachée à le chanter en même temps qu'elle honorait les mets qu'il exalte : la truffe et la morille. Ainsi naquit la Confrérie du Grangeon de Manicle, avec à sa tête un grand maître et ses druides. En faire partie est bien sûr un honneur qui n'est pas réservé à tous.....
Laurent Gerra, chevalier de la confrérie du grangeon de Manicle.