Les maquis de l'Ain et du Haut-Jura sont des groupes de résistants français ayant opéré et s'étant cachés dans les montagnes et forêts du Bugey et du Haut-Jura.
Voir également le maquis d'Ambléon en cliquant sur le lien suivant :
vivreachirens.pagesperso-orange.fr/documents/dossiers/Ambleon.pdf
Histoire
Lors de l'occupation de la France par l'Allemagne nazie durant la Seconde Guerre mondiale, la France est découpée en deux parties soumises à deux législations. Entre les mois de juin 1940 et novembre 1942, le département de l'Ain est inclus dans la zone libre soumise au Régime de Vichy avec pour seul exception le Pays de Gex qui fait partie de la zone interdite.
Des lois sont alors mises en place dès le 4 octobre 1940 pour placer les « les étrangers de race juive » dans des camps d'internement français. Les persécutions étant plus nombreuses vers la fin de l'année 1942, une part de la population décide de porter secours aux victimes et forme les premiers groupes de résistance civile. De plus, après le débarquement des Alliés en Afrique du Nord et dès le 14 décembre 1943 les Allemands offrent de brutales offensives sous forme de représailles, d'exécutions et de rafles.
LE CAS EXEMPLAIRE DE L'ORGANISATION DES MAQUIS DE L'AIN
Dès 1941, des élèves du lycée Lalande à Bourg-en-Bresse décident de s'unir pour s'opposer au Régime de Vichy. En octobre, ils créent alors un groupe de six personnes dont les actions sont la distribution de tracts et journaux clandestins. D'autres élèves rejoignent le groupe qui compte jusqu'à trente membres à la fin de l'année. Le mouvement s'élargit grâce aux internes qui créent également des groupes dans leur communes d'origine Pont-de-Vaux, Nantua, Bellegarde-sur-Valserine, Oyonnax et Belley. Le groupe acquiert le nom des Forces unies de la jeunesse en novembre 1942.
Dans un même temps, l'occupant met en place le service du travail obligatoire, couramment abrégé STO, et qui consiste à envoyer des travailleurs français en Allemagne pour participer à l'effort de guerre allemand. À partir de la fin de l'année 1943, l'envoi ne se fait plus sous la forme de volontariat, donc pour y échapper, une partie des réfractaires décide de former les Unités combattantes du maquis. La topographie du département de l'Ain, situé en partie dans le massif du Jura permet la création de camps de maquis dans les montagnes et la pratique de la guérilla. Par ailleurs, la Bresse et la Dombes sont constituées de plaines et sont donc des lieux stratégiques pour effectuer les opérations aériennes de la Royal Air Force. Le département est également situé à la frontière avec la Suisse permettant de s'évader et de créer des réseaux de renseignements.
LE HASARD D'UNE RENCONTRE QUI DEVIENT CAPITALE
Comme le cite Alban VISTEL dans 'Visages de l'Ain' n° 138 : 'Dans le monde
clandestin de la Résistance, l'intervention du hasard ne laisse pas d'être souvent déterminant. Des rencontres insignifiantes en temps normal font éclore des événements aux projections
imprévisibles'.
Marcel DEMIA
Marcel DEMIA, maraicher/horticulteur à Ambérieu et résistant indépendant, passe la Noël chez des parents à St-Étienne.
Au cours du séjour, il rencontre Henri PETIT. Les deux hommes viennent à échanger quelques mots sur les événements. Après une prudente approche la confiance s'installe et la discussion se déroule franchement. Les deux hommes s'aperçoivent qu'ils sont engagés dans un même combat.
Henri PETIT Henri Romans-Petit
Alias : "Romans" Fils d’un agent des chemins de fer, Henri Petit est né le 13 février 1897 à Firminy dans la Loire. Il fait ses études au lycée de Saint-Etienne et s’engage en 1915 pour la durée de la guerre au 13e Bataillon de Chasseurs. Promu caporal puis sergent, il est cité à l'ordre de l'Armée et décoré de la Légion d'Honneur. Admis à Saint-Cyr en 1918 au titre des réserves, il en sort aspirant. Muté dans l'Aviation, il rejoint alors l'escadrille B.R.127 affectée au bombardement de jour. Il est nommé sous-lieutenant avant d'être démobilisé. Reprenant ses études à Lyon, il obtient sa licence en droit et s'occupe alors des relations publiques et de la publicité pour des maisons d'édition. Il crée en 1928 à Saint-Etienne l’agence de publicité Stefa.
Capitaine de réserve dans l'aviation, il est rappelé en août 1939 et commande les bases aériennes de Cannes et de Nice.
Dès 1941, on le retrouve au réseau 'ESPOIR' dirigé par Jean NOCHER à St-Etienne (Loire) jusqu'à l'arrestation de celui-ci en 1942.
Refusant l'armistice de juin 1940, il tente en vain de rallier le général de Gaulle à Londres.
Henri Petit séjourne ensuite à Saint-Etienne et y crée l'un des premiers réseaux de résistance avec Jean Nocher. Pendant deux ans avec ses amis du réseau "Ali-Tir", il participe, sous le nom de "Romans" à des opérations de renseignement et de réception de parachutages.
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![]() Henri Romans-Petit |
Henri PETIT interroge Marcel DEMIA sur ce qui se passe dans l'Ain, sur les actions entreprises face à la Relève.
Marcel DEMIA lui fait part de ses difficultés : il a placé dans les fermes des jeunes qui ont refusé de partir en Allemagne. Maintenant il souhaiterait trouver un officier d'active ou de réserve pour s'occuper d'eux.
Vivement intéressé, Henri PETIT demande des précisions, s'enquiert de la nature du relief, puis promet de venir voir dans l'Ain et de faire quelque chose pour 'ses petits gars'.
En janvier, Henri PETIT tient parole et se présente à Ambérieu.
DEMIA l'emmène chez Marius CHAVANT à Montgriffon.
Désormais, Henri PETIT va séjourner dans ce secteur et étudier ce qui peut être réalisé.
En 1942 Henri Romans-Petit arrive dans l'Ain où il établit immédiatement des contacts avec la Résistance. Au bout de quelques mois, en décembre 1942, il commence à organiser l’hébergement de réfractaires du STO.
Il crée en juin 1943, près de Mongriffon, une école de cadres pour former les maquisards dont le nombre augmente sans cesse dans la région.
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Marius CHAVANT
Adjoint au maire de Montgriffon.
Assure le gîte et le ravitaillement des premiers réfractaires qui deviendront maquisards.
Fusillé le 9 février 1944 par la milice en représailles, lors de l'opération «Caporal» de l'armée Allemande du 5 au 13 février 1944
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Le camp de la ferme des Gorges
Nous sommes au début de Juin 1943, Marius CHAVANT adjoint
au maire de la commune, indique au Capitaine MOULIN (Henri PETIT)
qui deviendra le Capitaine ROMANS, la ferme abandonnée des Gorges pour rassembler les premiers réfractaires qui deviendront maquisards de l'Ain.
Le 10 juin, dans cette ferme, peu avant midi, se présente un homme trapu au regard direct : MOULIN chef des Maquis de l'Ain. Julien ROCHE lui établira une carte d'identité au nom de ROMANS, domicilé «22, rue de Rozier à
Ambérieu en Bugey» (aujourd'hui rue de la République).
Une petite anecdote amusante mérite ici d'être soulignée : c'est à cette époque et dans ce camp où le "capitaine" va installer son PC que Julien ROCHE lui propose le nom de guerre de "ROMANS", considéré comme étant plus en rapport avec l'aventure dans laquelle il
s'est engagé, que celui de MOULIN utilisé jusqu'à ce jour. Ce nom "ROMANS" lui restera désormais à vie.
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Mise en place des camps
Dans un premier temps, le capitaine Henri Romans-Petit rassemble une vingtaine de personnes réfractaires au STO et dont les conditions de vie sont les plus difficiles. Il craint un découragement de leur part et les placent dans la ferme des Gorges, suivant les conseils de Marius Chavant, adjoint au maire de la commune de Montgriffon, pour l'avantage de son emplacement géographique favorable à la mise en place de stratégies d'attaques. C'est une ferme abandonnée et isolée, le hameau le plus proche est celui de Résinand. Elle est située au fond d'un ravin à proximité immédiate d'un grand pré en pente et adjacente à un ruisseau. Manquant de moyens financiers pour l'achat de nourriture, il laisse les autres possédant un travail se loger chez des cultivateurs ou des artisans tout en conservant leur contact.
L'école des cadres est assurée par Pierre Marcault, elle a pour but de former les différents chefs des maquis. Le 14 juillet 1943, de nombreux résistants se regroupent à la ferme de Terment pour célébrer la fête nationale malgré l'interdiction du Régime de Vichy. Les premiers groupes de maquis sont ainsi constitués et les promus de l'école des cadres répartis dans différents camps à Granges, Cize, Chougeat, Corlier et le Retord.
ORIGINE DU GROUPEMENT SUD - Mai 1943 - Fév. 1944
Carte de l'emplacement des camps et terrains d'atterrissages clandestins
La guérilla excluait les concentrations d'hommes trop importantes, facilement repérables, donc vulnérables, difficiles à encadrer et à contrôler.
La guérilla excluait les concentrations d'hommes trop importantes, facilement repérables, donc vulnérables, difficiles à encadrer et à contrôler.
- le camp Verduraz : Ce camp a été formé par le Capitaine Henri PETIT (ROMANS) en juillet 1943 à la ferme de Terment. Fin 1943, le camp comprend environ 45 hommes, commandés par Jean VAUDAN (VERDURAZ), assisté d'Hubert MERMET, un élément incontournable des camps maquis. - le camp de Morez ![]() Fort d'une quarantaine d'hommes dès août 1943, le camp, suite à l'afflux de réfractaires et de volontaires, est divisé en 2 unités le mois suivant avec celui des Combettes. L'ensemble est placé sous le commandement de Pierre MARCAULT. Les frères Julien et Marius ROCHE, Charles FAIVRE, GRELOUNAUD, Roger TANTON, Jacques THEROND, Christian FINALY forment l'ossature des camps de Morez. - le camp des Combettes situé à 1 km de celui de Morez ![]() Il a été créé le 10 octobre 1943 par le prélèvement de maquisards sur le camp de Morez. Maurice NICOLE, transfuge de l'organisation TODT, en est l'animateur avec Jean-Baptiste ZWENGER. Le camp des Combettes a pour caractéristique la grande diversité des origines géographiques de ses éléments. Fin 1943, ils sont une cinquantaine. - le camp de Pré-carré Créé début novembre par de LASSUS, le camp de Pré-carré s'était implanté au nord d'Hotonnes. Fin 1943, l'effectif du camp ne dépasse pas la cinquantaine d'hommes. Le père SEIGLE est également à l'origine de la création de ce camp. - le camp de Chougeat Implanté depuis mars 1943 au signal de Chougeat, ce camp était le plus ancien du département. Cette qualité «d'ancêtre» lui conférait un certain prestige. HYVERNAT, PIOUD, PERRIN, ECQUOY sont parmi les pionniers. A cette époque, il regroupe une soixantaine de réfractaires. - le camp de Granges ![]() Ce camp a été formé le 19 septembre 1943 par la fusion de 2 groupements de réfractaires menacés par les forces de répression : Catane de Prosper MIGNOT et Sièges avec JOYARD, et VAREYON-DET Constitué de groupes déjà soudés par quelques semaines de clandestinité et d'apprentissage du maquis, Granges a très tôt été d'une solide cohésion, animé par Georges BENA, PAUGET, DECOMBLE et DEGOUTTE. Fin 1943, le camp regroupe 60 à 70 hommes.
Ci-contre, la levée des couleurs au camp des Granges - le camp de Cize, commandé par Charles BLETEL Créé en juin 1943, le camp de Cize demeure jusqu'à la fin 1943 au dessus de Chalour sur la falaise dominant le barrage de Cize-Bolozon. ![]() Charles BLETEL et Edouard BOURRET (BRUN), sont bien épaulés par les SIXDENIER, BUFFAVENT, GUILLOT, BIDE, LOUVEAU, BONDUE entre autres. Le développement de ce camp correspond au déclin et à la dissolution de celui de Chavannes. Point de départ des hommes du coup de main sur l'usine du Creusot le 16 décembre 1943. Le 14 juillet 1944, Charles BLETEL est fusillé par les allemands à Echallon. Il sera remplacé par Edouard CROISY jusqu'à la libération.
Levée des couleurs au camp de Cize en septembre 1943
- le camp de Georges BENA dit «MICHEL» |
Au même moment, les contacts se multiplient entre le maquis de l’Ain et l’Armée secrète (AS). En septembre, sous la direction de Romans-Petit, les maquisards réalisent deux coups d'éclat : ils prennent un dépôt d'Intendance des Chantiers de Jeunesse à Artemare où le commando prend les uniformes que les maquisards utiliseront lors du défilé du 11 novembre 1943 et l'Intendance de l'Armée à Bourg-en-Bresse.
La réussite du coup d'Artemare sur le camp de jeunesse n°43
fait basculer les maquisards du camp de réfractaires dans celui de rebelles...
Le coup de main d'Artemare, en septembre 1943, s'inspira de cette vertu. En même temps qu'il retentit lui aussi comme un "coup de tonnerre", il se voulait exemplaire, mieux "Dans le
Département apparemment mis en sommeil par l'occupant et ses alliés de Vichy, écrit Pierre
MARCAULT, le chef qui s'investit totalement dans cette opération, ce coup de main fut reçu comme la démonstration évidente de l'existence d'un puissant mouvement d'opposition
armée". |
En octobre 1943, Romans-Petit devient chef militaire, responsable de l’Armée secrète (AS) pour le département de l'Ain. Le 11 novembre 1943, il organise le célèbre défilé d'une partie de ses troupes (250 hommes) à Oyonnax. Devant une foule médusée puis ravie, il dépose une gerbe en forme de Croix de Lorraine au monument aux morts avant de quitter la ville en bon ordre. Le défilé d'Oyonnax, filmé par le fils de Henri Jaboulay, abondamment raconté par la presse clandestine et la radio de Londres, a un impact très important sur la population française et sur les Alliés pour lesquels la résistance armée française a désormais une existence concrète.
L'événement phare de l'automne 1943
Le défilé du 11 novembre 1943 à Oyonnax : un défilé d'une audace inouïe, mais d'abord le défi courageux des maquisards de l'Ain
Plus de soixante années ont passé. Mais que l'on imagine aujourd'hui quel formidable culot poussa ces quelque cent cinquante maquisards de France et leurs chefs, venus en camions de
leurs repaires montagnards du Bugey, à défiler au grand jour (et pas n'importe lequel !), à la barbe des nazis, dans une ville de la France occupée... |
A la fin de l'année, alors que les effectifs paramilitaires de l’Ain (AS et maquis) atteignent 2 000 hommes, il prend en main les forces clandestines et l’AS de Haute-Savoie en remplacement du commandant Vallette d’Osia ; il y applique les mêmes principes que dans l'Ain : école de formation des cadres, action brève et repli rapide. Il est en liaison avec Londres par le biais de la mission "Musc" composée de Jean Rosenthal (Cantinier), chargé de l’inspection des maquis, et de Richard Heslop (Xavier) du SOE britannique. Pour répondre au besoin de parachutages d’armes, il choisit le plateau des Glières près d'Annecy où, en janvier 1944, sont rassemblés tous les maquisards du département.
Il regagne l'Ain après avoir confié le commandement des Glières à "Tom" Morel.
Lorsque, le 5 février 1944, 5 000 Allemands appuyé par de l’aviation attaquent en masse les camps du maquis de l’Ain, y massacrant les maquisards, Romans-Petit se rend immédiatement sur place ; à ski, il part à la recherche des rescapés, passant au travers du dispositif allemand. Il réorganise ensuite le maquis et rencontre les responsables des forces du Haut-Jura.
Le 6 avril 1944, plusieurs milliers de soldats de la Wehrmacht sont rassemblés dans la région d'Ambérieu et donnent l’assaut le lendemain. Le colonel Romans-Petit décide alors de disperser les maquis ; ceux-ci organisent néanmoins des opérations de sabotage de nuit. Les Allemands se vengent sur les villages d’Oyonnax et de Saint-Claude, entre autres.
Le 6 juin 1944, prévenus du débarquement, les maquisards détruisent le dépôt d'Ambérieu, plaque tournante du réseau ferroviaire du sud-est. Cinquante-deux locomotives et dix machines outil sont rendues inutilisables. Le même mois Henri Romans-Petit est fait Compagnon de la Libération par décret du général de Gaulle.
LA BATAILLE DU RAIL ET LE PLAN VERT
Opération sur le centre ferroviaire d'Ambérieu en Bugey
Une action à haut risque dans la nuit du 6 au 7 juin 1944
- Pour entretenir ce matériel, des installations spéciales : ateliers de réparations avec machines-outils, levage, vérin, ensemble soudure,... - 3 plaques tournantes (des deux rotondes et du parc) Les plaques tournantes commandent l'entrée et la sortie des rotondes et du parc. Une plaque tournante détériorée, aucune locomotive ne peut plus passer et celles qui sont à l'intérieur ne peuvent plus sortir. Elles sont donc prises au piège. - Un ensemble autonome, constitué une grue de 50 tonnes, indispensable pour réduire les déraillements. Cet ensemble comporte avec la grue de 50 tonnes, une locomotive, deux wagons pour le personnel de manoeuvre et de protection, deux wagons blindés avec un armement très sophistiqué : mitrailleuses lourdes et canons automatiques de 20 mm pour la défense anti-aérienne, mitrailleuses légères, mortiers et armes individuelles. L'importance du centre d'Ambérieu est telle que les Allemands ont affecté à la protection du dépôt et de la gare, une garnison qui permet d'avoir jour et nuit, 50 hommes de garde. De plus, il y a, à proximité immédiate d'intervention, les unités qui gardent les installations de la Base Aérienne d'Ambérieu et des dépôts de munitions de Leyment. Enfin, une unité d'intervention d'un effectif de 100 à 200 hommes est à l'instruction au Château de Douvres. Il est bien évident que nous ne pouvions rien entreprendre contre un tel ensemble défensif aussi longtemps que nous n'aurions pas les moyens nécessaires ou une occasion favorable pour mener une action décisive. Nous n'aurions rien pu faire sans la participation des cheminots. L'OPÉRATION Nos camions ont roulé de nuit dans un blackout total. Heureusement Jo PETTINI connaît bien l'itinéraire et nos chauffeurs sont entraînés à ce genre de sport. Nous avons fait un grand détour pour aborder Ambérieu par le sud et nous nous arrêtons à 500 mètres du pont de l'Albarine. C'est là qu'est fixé notre rendez-vous avec les cheminots. Nous faisons la dernière partie du parcours à pied, en file indienne et en silence. Il est minuit trente. La mise en place s'est effectuée comme prévu. Le ciel est couvert, il pleut légèrement, c'est un temps idéal pour nous. Heureusement que les cheminots seront là pour nous conduire vers les objectifs. Les équipes de sabotage se forment dans le plus grand silence. LOUISON a pu contacter NICOLE et VERDURAZ et tout se présente bien. Une déception cependant, la grue de 50 tonnes a quitté Ambérieu dans la soirée en direction de Lyon. Elle ne sera pas au rendez-vous. Il nous reste à attendre l'heure H. Nous regardons fréquemment nos montres, nous parlons tout doucement de choses anodines pour essayer de penser à autre chose, mais comme tous les combattants les ont connues, nous vivons quelques minutes d'angoisse dans l'attente de l'action. Je me demande encore une fois si tout a bien été prévu car lorsque l'action sera déclenchée, je ne pourrai plus intervenir puisque nous n'avons pas de postes radio. 0 heures 50 - Deux des équipes dont l'objectif est plus éloigné, se mettent en route. 7 juin - 1 heure 00 - La sirène déclenchée par LEMITRE hurle. Cette sonnerie, dans la nuit, à la minute prévue, nous apporte un soulagement, mais elle produit en même temps un effet saisissant. Elle se prolonge et sonne longuement et il semble qu'elle sonne plus fort et plus longtemps que d'habitude. Toutes les équipes se sont élancées, dans la nuit, colonne par un, avec les cheminots en tête de chaque équipe vers chaque objectif comme suit - Gaston BRUCHER : le parc ; - Marcel LASSUERE : le raccordement - André MAGDELAINE et Marcel FOSSERIER : le camp - Roger PECAUT et Henri PASSARD : la Grande Rotonde ; - Julien GOYET, Georges MUTEL et Marcel DUTISSEUIL : la petite rotonde ; - Louis JASSERON : l'atelier du vérin ; - Georges BUTTARD : l'atelier de levage ; - Antonin CHENAVAZ : l'ensemble soudure. Les équipes sont à peine parties que des coups de feu éclatent dans la nuit. Et puis ce sont des hurlements, des cris de frayeur. Je m'avance sur les voies toujours accompagné de Camille TRABBIA et nous trouvons MAZAUD (Jean SIGNORI) en train de maîtriser un Allemand que SOUPOLAIT vient de désarmer. Le prisonnier est complètement affolé. Il crie sans que nous parvenions à le faire taire. Toujours des coups de feu et soudain, très près de nous, des sommations en allemand, toujours dans la nuit noire. Le prisonnier en profite pour essayer de se sauver, mais il sera abattu aussitôt. MAZAUD poursuit sa mission tandis que je retourne avec TRABBIA vers l'élément de recueil. Mais toujours des coups de feu, des coups de fusils ponctués par des rafales d'armes automatiques. Je suis très inquiet et me demande si nous ne sommes pas tombés dans un guêpier, et si nous allons pouvoir remplir notre mission. Je crains surtout que nous ayons des pertes. Le temps me paraît long, lorsque soudain une violente explosion illumine la nuit. Je reconnais le bruit très sec que fait le plastic, en explosant. D'autres explosions se succèdent rapidement et pendant une trentaine de minutes c'est un véritable et grandiose feu d'artifice. A plusieurs reprises, une explosion plus violente que les autres (les plaques tournantes sans doute!). Je suis donc rassuré en ce qui concerne la mission et les explosions auront été si nombreuses que bien des habitants d'Ambérieu son persuadés qu'il y a eu bombardement aérien. Mais des coups de feu isolés continuent à troubler le silence de la nuit, tandis que le retour des différentes équipes vers notre point de recueil s'avère très long. Le sergent SOUPOLAIT repart avec son groupe sur les voies pour essayer de retrouver des isolés et il a l'occasion d'abattre un deuxième Allemand. Finalement il manque encore cinq hommes lorsque je donne l'ordre de repli en demandant aux cheminots d'attendre encore pour les récupérer, mission qu'ils acceptent bien volontiers avec leur dévouement habituel, d'autant plus volontiers que les premiers compte rendus font apparaître une réussite totale de l'opération. Le retour au camp s'opère sans encombre mais notre inquiétude ne sera dissipée qu'au lever du jour lorsqu'une liaison des cheminots nous apprend que les absents sont en lieu sûr, et qu'un enfant de troupe, légèrement blessé à la cuisse, a été conduit tout naturellement chez Marcel DEMIA. Nous avons en même temps un premier bilan de l'opération - 52 locomotives hors service. - une plaque tournante très endommagée (celle du parc), les deux autres immobilisées pour quelques jours. - les machines-outils détériorées. - tous les objectifs ont été atteints sauf l'atelier de levage où BUTTARD a été accueilli par des rafales de mitraillettes. Il a essayé de pénétrer par une autre voie, mais là aussi les Allemands étaient restés à leur poste. BUTTARD dit « La Butte » est furieux. Cet homme à l'aspect rude et bruyant est en réalité un garçon sensible au coeur sur la main. Il ne s'avoue pas vaincu et dit à André MAGDELAINE : «Je n'ai pas pu faire mon boulot de nuit, je le ferai de jour». Effectivement, le 1 7 juin vers treize heures, au moment où les ateliers sont vides, BUTTARD vient placer ses charges et en plein jour, l'atelier de levage est à son tour complètement neutralisé. Un tel acte de bravoure et de patriotisme mérite notre admiration. Récit par le Commandant Henri GIROUSSE (CHABOT) |
Le 11 juillet 1944, les Allemands tentent une contre-offensive d'envergure avec quelque 27 000 hommes. Les 5 000 maquisards du colonel Romans-Petit parviennent à résister malgré de violents combats. En septembre l'Ain est libéré.
Après la guerre, Henri Romans-Petit reprend son métier de publicitaire. Il est également administrateur de sociétés, notamment dans l'électronique.
Président d'honneur des Anciens des maquis de l'Ain et de Haute-Savoie et président de l'Association nationale des Résistants de l'Air, il est également membre du comité directeur de la LICRA.
Il est l’auteur de plusieurs ouvrages sur la guerre et notamment Les Obstinés et, en 1974, Les Maquis de l'Ain.
Henri Romans-Petit est décédé le 1er novembre 1980 à Ceignes dans l'Ain. Ses obsèques se sont déroulées devant le mémorial du Val d'Enfer à Cerdon (Ain). Il a été inhumé au cimetière d'Oyonnax.
Admirable meneur d'hommes aux incontestables qualités d'organisateur, énergique et déterminé, Henri PETIT est arrivé dans le département de l'Ain en janvier 1943.
Rapidement considéré comme indispensable à l'organisation régionale, il sera à cet effet désigné comme responsable de la mise en place des maquis du département en août 1943.
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Ravitaillement entre les fermes de Morez et des Combettes en août 1943
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Ferme de Terment le 14 juillet 1943
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Paroles: Maurice Druon, Joseph Kessel.
Musique: Anna Marly 1943
Ami, entends-tu le vol noir des corbeaux sur nos plaines ?
Ami, entends-tu les cris sourds du pays qu'on enchaîne ?
Ohé, partisans, ouvriers et paysans, c'est l'alarme.
Ce soir l'ennemi connaîtra le prix du sang et les larmes.
Montez de la mine, descendez des collines, camarades !
Sortez de la paille les fusils, la mitraille, les grenades.
Ohé, les tueurs à la balle et au couteau, tuez vite !
Ohé, saboteur, attention à ton fardeau : dynamite...
C'est nous qui brisons les barreaux des prisons pour nos frères.
La haine à nos trousses et la faim qui nous pousse, la misère.
Il y a des pays où les gens au creux des lits font des rêves.
Ici, nous, vois-tu, nous on marche et nous on tue, nous on crève....
Ici chacun sait ce qu'il veut, ce qu'il fait quand il passe.
Ami, si tu tombes un ami sort de l'ombre à ta place.
Demain du sang noir sèchera au grand soleil sur les routes.
Chantez, compagnons, dans la nuit la Liberté nous écoute....
Ami, entends-tu ces cris sourds du pays qu'on enchaîne ?
Ami, entends-tu le vol noir des corbeaux sur nos plaines ?
Oh oh oh oh oh oh oh oh oh oh oh oh oh oh oh oh....
A la mémoire de celles et ceux qui ont combattu l'occupant nazi.
Le Mémorial des maquis de l'Ain et de la Résistance est située sur la commune de Cerdon, situé dans le Haut-Bugey. Sa construction est décidée par l'Association des anciens du maquis de l'Ain présidée par le colonel Henri Romans-Petit et débute le 26 juin 1949 pour une inauguration le 29 juillet 1951. Elle est financée par l'État français, le département de l'Ain et des dons privés. Le corps d'un maquisard inconnu y est inhumé lors d'une cérémonie présidée par Gaston Monnerville le 20 mai 1954 puis un cimetière réunissant 88 maquisards est ensuite créé puis inauguré le 24 juin 1956 par le Général de Gaulle. La citation de Louis Aragon issue du dernier vers de La Chanson du franc-tireur de Louis Aragon « Où je meurs renaît la Patrie » est gravée sur le monument[29].
L'engagement résistant dans l'Ain
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Dans l’imaginaire collectif, la Résistance est souvent identifiée au Maquis, par suite de l’importance qu’il a pris en France et particulièrement dans l’Ain. Si le maquis regroupe le plus grand nombre de résistants, résumer la Résistance aux actions armées des maquis est réducteur. Cet ouvrage propose une relecture de la Résistance dans l’Ain à travers le parcours d’hommes et de femmes.
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L'engagement Resistant Dans L'ain - Collectif- Musees Des Pays De L'ain Parution : 11 Juin 2012 Prix indicatif : 27.00 € |
• CORNATON Philippe • Samedi 21 juillet 2012 à 1h58
Paul Morin partage ses Mémoires de résistant
Vendredi 13 juillet, Paul Morin a remis symboliquement un exemplaire de son livre au préfet Philippe Galli
« Vous êtes rentré par là, vous ressortirez par là ». Cette phrase, Paul Morin ne l’a jamais oubliée. Elle était prononcée par l’officier allemand qui l’accueillit à Dachau en mai 1944. Le jeune résistant burgien venait de passer le panneau d’entrée du terrifiant camp de déportation quand le nazi lui montra du doigt la fumée s’échappant des cheminées surmontant les fours crématoires… Par chance, sa connaissance de la langue germanique le sauva du tragique sort que subirent des millions de déportés. L’ancien pensionnaire du lycée Lalande fut envoyé dans un commando de travail à Allach pour rédiger des rapports de contrôle de production de carters d’huile pour BMW.
Son passage dans les couloirs de la mort, son engagement de jeune résistant au lycée à Bourg, Paul Morin les narre dans un livre de Mémoires, « J’ai eu vingt ans à Dachau ». L’ouvrage publié d’abord en série limitée à destination des anciens combattants (300 exemplaires ont été financés par l’Office national des anciens combattants) fera l’objet d’une diffusion plus large, auprès du grand public. « Car ce témoignage écrit avec sobriété, sans pathos ni grandiloquence, a valeur d’exemple », plaide le colonel Bernard Janvier, président de la section départementale des membres de la Légion d’honneur. Cet ancien officier sapeur-pompier et ancien élève de M. Morin, quand il enseigna en petite classe à Charles Robin puis à Carriat, a concouru avec le professeur d’histoire Patrick Subreville à l’enrichissement documentaire du récit. Car à l’origine, ce travail de Mémoires consista pour l’auteur à laisser un simple témoignage à ses petits-enfants. Les notes dactylographiées et imprimées sont heureusement tombées entre les mains de Bernard Janvier. Ce dernier a convaincu l’ancien résistant devenu un personnage politique de premier plan dans l’Ain (maire de Bourg de 1989 à 1995, premier vice-président du Conseil général de 1988 à 2001), d’en faire un ouvrage de référence.
Vendredi 13 juillet, Paul Morin a remis symboliquement un exemplaire de son livre au préfet Philippe Galli. Le résistant a déclaré en pensant à ses futurs lecteurs : « je souhaite à tous ceux qui le liront qu’ils apprennent à sa juste valeur ce qu’est la liberté ». Au-delà des faits relatés, il y a une attitude. A l’âge – 17 ans – où dans ce XXIe siècle débutant, les ados jouent virtuellement à la guerre sur internet, lui, a choisi consciemment et courageusement de rejoindre le réseau bien réel de la résistance à l’occupant. Et de risquer sa vie pour continuer, libre, son existence d’homme.
Philippe Cornaton
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Lagnieu Devoir de mémoire
par Le journal du Bugey 24/05/2012, site bugey-cotiere.fr
Reconstitutions historiques grandeur nature
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C’est un hommage qu’ont voulu rendre l’association J.A.M.A.I.S. et la commune de Lagnieu avec “En mémoire d’eux”, une manifestation qui s’est déroulée pendant 4 jours à Lagnieu sur le thème de la seconde guerre mondiale, avec expos, conférences et reconstitutions.
L’expo et le cycle de conférences sur les faits et les conséquences de la seconde guerre mondiale ont permis d’aborder avec précisions plusieurs aspects de la guerre, notamment les événements qui ont amené ce conflit, afin d’en tirer les bonnes leçons pour l’avenir. Mais outre ce côté “scolaire”, l’association a su créer un événement attractif pour tous, jeunes et anciens. Avec le défilé militaire des GI’s américains et des résistants français en tenues de combat juchés sur leur jeep, et les camps des soldats allemands, américains et français reconstitués avec ses tentes et son équipement de l’époque, des véhicules et des répliques d’armes à feu typique de ce conflit, le public ne pouvait que s’y croire avec ces reconstitutions grandeur nature. Selon Florian Beaufils, 1.500 personnes ont été comptabilisées sur deux jours, une influence qui satisfaisait le jeune président de J.A.M.A.I.S. et qui montrait aussi l’intérêt du public pour ce genre d’événement.
“En mémoire d’eux” a aussi été l’occasion d’un rappel de faits qui se sont déroulés sur le secteur pendant la seconde guerre mondiale. Le Musée du cheminot d’Ambérieu, l’une des nombreuses associations partenaires de cet événement, a ainsi tenu une conférence sur les faits d’armes de la Résistance d’Ambérieu et du secteur. Quant à la cérémonie officielle du samedi matin, elle a rendu hommage aux trois Latiniçois fusillés pendant la journée du 11 juin 1944 : René L’Hôte, Henri Gallet et Gustave Ducarre
Lagnieu a fait son devoir de mémoire et a même obtenu une bonne note avec ces quatre jours consacrés au souvenir.