Source d’inspiration pour les peintres et les poètes...le village de Rossillon.
« Le Bas Bugey est un de ces lieux de refuge et d’amitié où le cours de la vie ne se hâte point avec trop de fièvre, où il existe encore une fidélité aux sentiments de repos et de méditation » .
Des peintres de l’école lyonnaise des 19ème et 20ème siècles notamment, comme Yvonne Récamier, Appian, Bidault, Dallemagne, et d’autres écrivains ou poètes ont été séduit par la lumière des paysages du Bugey, par ses beautés naturelles : Honoré d’Urfé, Lamartine, Gertrude Stein, Paul Claudel, Roger Vaillant, Guillevic…
De 1850 à 1950, l'Ain assiste au foisonnement de son école de peinture de paysages. En commun avec l'École de Barbizon, ses peintres ( Horace Fonville, Henri Bidault (ou : Bidauld), Léon Dallemagne...) aiment une nature rustique, sauvage et pure. Peignant sur le motif, leurs oeuvres sont souvent panoramiques et évoquent la présence de l'eau, des brumes et du brouillard.
Horace Fontville "Paysage de l'Ain"
Le savez-vous ?
ROSSILLON est un village situé dans le Bugey qui est réputé notamment pour avoir abrité une colonie de peintres attirés par la beauté de ses paysages
comme Henri BIDAULD (Henri Bidauld construisit la maison près de l'ancien passage à niveau de Rossillon et un atelier. Ce peintre fut également maire de
Rossillon).
Henri Bidauld - Petite Mere Original 1879. Village du Bugey - Henri BIDAULD -
Visages et paysages de l'Ain (1850-1900)
Nous sommes en 1850 : partout en France, en Picardie, en Bourgogne, en Provence ou dans l'Orléanais, les leçons de l'Ecole de Barbizon sont suivies à la lettre. Dans les écoles des Beaux-Arts, la peinture sur le motif et la réalisation dans ces conditions de toiles d'importantes dimensions, considérées comme des oeuvres abouties et exposées dans les salons, s'est imposée à tous.
La nature apparaît maintenant dans toute sa présence, rayonnante ; elle devient le principal sujet de l'oeuvre. L'artiste, lui, abolit le cadre composé du paysage historique classique pour s'ouvrir sur l'horizon, sur la plénitude d'un paysage. Equipé de sa palette et de son matériel de peinture, il part dans la campagne à la recherche de points de vue pittoresques. Il cherche l'inspiration au coeur même de la nature. Quels plus beaux horizons alors, quels paysages plus larges et ouverts que ceux de l'Ain ?
A l'heure où Barbizon en Ile-de-France est le rendez-vous des peintres et des promeneurs, les peintres lyonnais et de l'Ain inventent Crémieu, Morestel (dans le Dauphiné) puis Rossillon (dans l'Ain) village situé à moins de 2km de Cheignieu-la-Balme. De 1850 au début du 20ème siècle, les trois régions au centre desquelles se trouve Bourg-en-Bresse (la Dombes, la Bresse et le Bugey) constituent une source d'inspiration fondamentale pour nombre d'artistes dont certains vont s'installer définitivement dans le département. On assiste alors au foisonnement d'artistes (Horace Fonville, Henri Bidault, Antony Viot, Léon Dallemagne, Louis-René Boulanger…) qui, sans former une "école de peinture" officielle ont une activité picturale basée sur de nombreux points communs dont le principal est d'avoir la même source d'inspiration : les paysages de l'Ain.
Lac de montagne - Léon DALLEMAGNE
Comme les peintres de Barbizon, les peintres de l'Ain aiment une nature plutôt rustique et qui, à leurs yeux, est restée sauvage et pure ; ils affectionnent leur terroir et cherchent à l'exprimer en peinture. A partir du travail sur le motif, ils aspirent à rendre non seulement la réalité topographique d'un vallon, d'un bras de rivière ou d'un chemin boisé, mais aussi l'exactitude de cet univers naturel. L'harmonie avec les lieux est aussi climatique : on retrouve ainsi dans l'oeuvre des paysagistes de l'Ain une prédominance de l'eau, à travers la représentation d'étangs, de rivières, de ponts et de scènes de pêche ainsi que l'évocation des brouillards matinaux ou des brumes pluvieuses, si caractéristiques. Enfin, les peintres de l'Ain ont produit nombre de vues panoramiques, des paysages s'étirant à perte de vue et comportant à l'arrière plan des massifs montagneux évoquant les contreforts du Jura ou les montagnes du Bugey.
Les peintres de l'Ain et les peintres de l'Ecole lyonnaise (Appian, Dallemagne, Fonville père…), forment à l'origine un même groupe de paysagistes : ils fréquentent les mêmes sites naturels à la recherche de l'inspiration, certains Lyonnais ont été les professeurs ou les maîtres de ces premiers, et ils entretiennent des liens d'amitié ou des relations professionnelles. Mais leur manière de peindre, à partir de Viot, s'éloigne de plus en plus de la simple recherche topographique et de la tradition hollandaise même s'ils restent attachés aux règles de la tradition picturale. Ils donnent libre cours à l'impression, à la sensibilité vis à vis des paysages qu'ils s'approprient de façon plus intime.
LE HAUT DU BOIS DES ROCHES (AIN) ; DIT AUSSI LE BOIS DES ROCHES, ROSSILLON (AIN) - APPIAN Jacques Barthélémy, APPIAN Adolphe (dit).
Adolphe APPIAN fréquente assidument Rossillon, un village alors apprécié par les peintres et passe de nombreux étés à Artemare où il peint beaucoup de sites du Valromey. Ami des peintres de l’École de Barbizon, il a aussi effectué plusieurs séjours à Fontainebleau.
Il meurt à Lyon en 1898. Son fils Louis Appian (1862-1896) fut aussi un peintre.
Au Monastère royal de Brou, une exposition présente cette école de paysage ainsi que certains portraits qui dépeignent pour partie les différents acteurs, artistes ou collectionneurs, ayant favorisé le développement de cette école. Constituée uniquement d'oeuvres appartenant au Musée de Brou mais dont la majeure partie n'a pas été présentée au public depuis plus de quinze ans, cette exposition marque le souhait de réévaluer la peinture régionale. Elle préfigure la volonté d'y consacrer pendant les années à venir un certain nombre d'études, afin que ces peintres trouvent leur place légitime dans l'espace des collections permanentes du Monastère royal de Brou.
L'ouvrage "L'Ain, ses peintres d'hier" qui a été édité en 1998 par les Amis de Brou et le Musée de Brou, sert de catalogue de référence pour cette exposition.
Une école de paysage
Vers 1850, la ville de Bourg-en-Bresse, bien que préfecture du département de l'Ain, ne compte que 10.000 habitants environ. C'est une ville dont l'économie est essentiellement tournée vers l'agriculture et le commerce, l'industrie ne jouant qu'un rôle mineur. La vie culturelle quant à elle, fait la part belle au livre (il y a une bibliothèque intéressante et plusieurs cabinets de lecture), au théâtre et aux concerts. Mais dans tous ces domaines, il n'y a pas d'école artistique et Bourg-en-Bresse ne possède pas non plus d'école de peinture à proprement parler, c'est à dire d'Ecole des Beaux-Arts ou d'Arts Appliqués. A la fin du XVIIIe siècle, Bourg avait son école de dessin mais l'absence d'une personnalité pouvant la prendre en charge, a arrêté son essor. Ce défaut d'enseignement artistique organisé ne signifie cependant pas que la ville et le département soient dénués d'artistes, mais leur métier et leur réseau se constituent différemment.
Certains peintres sont certes originaires du département mais ils vont faire carrière ailleurs, souvent à Paris, et ne font pas référence dans leurs oeuvres à leur pays natal.
C'est le cas d'Antoine Chintreuil ou de Jules Migonney. Cette exposition ne prend pas en considération ces artistes mais plutôt ceux dont l'oeuvre concerne les paysages de l'Ain.
Dans cette perspective, deux types d'artistes se dessinent dans ce département au XIXe siècle : des artistes originaires de l'Ain qui restent la majeure partie de leur vie dans le département (comme Dallemagne), ou des artistes nés ailleurs mais qui s'installent définitivement dans les environs de Bourg pour exercer leur métier (comme Bidauld à Rossillon, par exemple).
Parmi tous ces peintres, les plus nombreux sont des "paysagistes" qui ont été attirés par la diversité et la beauté des paysages de l'Ain. L'on désignera ainsi cet ensemble de peintres sous le terme générique de "peintres de l'Ain".
Des personnalités qui donnent l'exemple
Les artistes qui ont peint le département de l'Ain entre 1850 et 1900, trouvent leurs origines artistiques auprès de deux groupes : les peintres de Barbizon et les peintres de l'Ecole lyonnaise.
Des premiers, ils retiennent l'importance de s'immerger au coeur même de la nature pour en retirer l'essence. La primauté de la peinture au vif, en pleine nature, l'attention portée aux effets de lumière et aux moyens de capter l'atmosphère font l'objet de leurs premières préoccupations.
Quant aux seconds, ils ont l'occasion de les rencontrer dans les Ecoles de Beaux-Arts où ils sont professeurs et également dans le département de l'Ain où ils cherchent eux aussi matière à peindre.
Appartenant à l'un ou l'autre groupe, certaines personnalités font donc le lien avec ces artistes de l'Ain et jouent un rôle essentiel dans la constitution de leur réseau et de leur métier de peintre paysagiste.
En premier lieu Nicolas-Victor FONVILLE, dit aussi Fonville père (1805-1856) qui a suivi des cours de dessin dans l'atelier de Thierriat (à l'Ecole des Beaux-Arts de Lyon), est le premier à ouvrir un atelier de peinture de paysage à Lyon. Avant lui, on apprend le paysage par le biais de la copie de gravure ou en sollicitant les professeurs de l'Ecole des Beaux-Arts qui peignent des paysages dans un cadre privé. Outre ses nombreux élèves, Nicolas-Victor Fonville enseigne à son propre fils (Horace), sa façon de travailler et les règles picturales qui font sa renommée : obligation de sortir de l'atelier, sac sur le dos, afin de travailler sur le motif dans la campagne environnante, précision et qualité du dessin qui lui provient de son expérience en lithographie, respect de la tradition hollandisante.
En second lieu, François-Louis FRANÇAIS (1814-1897) fait partie des artistes souvent sollicités pour accueillir des élèves dans son atelier de Paris. Il jouit d'une renommée considérable à l'époque bien qu'apparaissant relativement "classique" actuellement : il fait non seulement partie de l'élite des illustrateurs romantiques, mais il est l'un des premiers peintres avec Corot, Rousseau et Millet à découvrir Barbizon et à s'y installer.
Avec ce premier et d'autres comme Courbet et Boudin, il va d'ailleurs sillonner la France (et l'Ain, dont il tirera plusieurs oeuvres) à la recherche de motifs picturaux. Il est lié également à certains artistes lyonnais comme Ravier qu'il rencontre en 1846 lors d'un voyage en Italie. Louis Français va former au métier plusieurs peintres originaires de l'Ain comme Léon Dallemagne, Paul Morgon et Louis-René Boulanger un peu plus tard.
Louis-René BOULANGER - "En Bresse"
Dans une autre mesure, le paysagiste lyonnais Adolphe APPIAN (1818-1898) a constitué un exemple et une référence pour de nombreux artistes de l'Ain par l'intermédiaire de sa notoriété, de sa forte présence dans le département sur les lieux où se réunissent des artistes locaux, ainsi que par sa production importante et largement diffusée. Son choix se porte tout particulièrement sur les paysages de l'Ain et dès 1851, il présente une Vue prise de Bresse au Salon. Maître d'Horace Fonville, il prodiguera des conseils avisés dans la lignée des peintres de Barbizon, le plus important semblant être celui qu'il donne à son fils en 1883 : "Souviens-toi, mon cher Louis, de ne pas te faire l'imitateur des oeuvres qui t'impressionneront. La nature est le seul maître à imiter".
Peintres de l'Ain et peintres de l'Ecole lyonnaise : des caractéristiques communes
Des points communs importants existent entre les peintres de l'Ain et ceux de l'Ecole lyonnaise, plus ou moins liés à leur proximité géographique. Tout d'abord, leur respect commun des traditions picturales venues des paysagistes hollandais est indéniable.
Elles transparaissent dans le soin extrême porté aux matériaux et à leur mise en oeuvre (couleurs de grande qualité broyées avec soin, travail par couches successives, modération des effets d'empâtement, utilisation du contre-jour, etc.). Cette façon de travailler est directement liée à l'enseignement classique qu'ils suivent à l'Ecole des Beaux-Arts de Lyon dans la classe de fleur. En tant que maîtres ou professeurs, Servan, Baudin ou Appian vont transmettre ce savoir-faire aux peintres de l'Ain. Cette influence transparaît bien dans l'oeuvre d'Anthony Viot, le "premier" peintre de l'Ain de cette période 1850-1900. Cette tradition va cependant faire peu à peu l'objet d'un acquis permettant une plus grande liberté. Ainsi Viot incite Dallemagne à peindre avant tout son sentiment face à la nature, ce qui le conduit à la production d'oeuvres plus chaleureuses, différentes de celles des Lyonnais.
Ces derniers, tout comme certains peintres de l'Ain, ont suivi pour la plupart un enseignement classique, celui de l'Ecole des Beaux-Arts de Lyon. Plus précisément, beaucoup de paysagistes lyonnais (Servan, Baudin, Appian…) proviennent de la classe de fleur de cette Ecole et possèdent donc un métier correspondant aux qualités requises de cette classe : méticuleux, soigné, respectueux des conventions et des détails.
Maîtres ou professeurs de peintres de l'Ain, ils vont leur transmettre cette méthode et cette discipline de travail.
Autre point commun : ces deux groupes d'artistes participent régulièrement aux mêmes Salons – de Paris et de Lyon – lors desquels s'effectue la diffusion de leurs oeuvres. En cela ils rejoignent les peintres de Barbizon qui ont obtenu la reconnaissance de leurs paysages par les jurys des salons. Ils y trouvent d'ailleurs une clientèle non négligeable : des amateurs et une reconnaissance officielle. C'est donc un enjeu important et une possibilité d'apport financier pour les artistes. Ainsi, Dallemagne exposera essentiellement des paysages de l'Ain au Salon entre 1870 et 1879. Fonville fils expose pour la première fois en 1860 au Salon de Lyon avec un Souvenir du Haut Bugey et en 1864 à Paris avec Paysage dans le Haut Bugey. Parmi les acheteurs de cette période, on trouve nombre de bourgeois lyonnais qui, amateurs de paysages, les considèrent souvent comme des souvenirs de voyages. Parallèlement, les artistes espèrent voir leurs oeuvres achetées par l'Etat comme ce fut le cas par exemple de Dallemagne.
Des sites de l'Ain privilégiés par les artistes
A l'heure où les artistes parisiens découvrent Barbizon, les Lyonnais créent plusieurs capitales artistiques à l'est de Lyon.
Un nombre non négligeable d'artistes de renom vont d'abord venir dans le Dauphiné (Crémieu et Morestel) à la recherche de paysages. En 1852, Appian se joint à Corot, Daubigny et Français pour travailler sur le motif dans la région de Crémieu avec Ravier et les Lyonnais Allemand, Carrand et Chevallier.
Alors que les artistes parisiens repartent ensuite vers l'Ile-de-France, les Lyonnais et les peintres de l'Ain vont à la fois revenir régulièrement dans l'Isère et s'intéresser à un autre site charmant et mystérieux : Rossillon (situé dans l'Ain, au nord-ouest de Belley, à moins de 2 km du village de Cheignieu-la-Balme).
En s'installant en 1868 dans cette petite commune, et en devenant maire en 1884, le peintre Henri Bidauld en fera un des lieux préférés de villégiature des Lyonnais et des peintres de l'Ain. L'hospitalité généreuse de Bidauld sera reconnue, de même que les atouts naturels de ce coin de verdure.
Artiste peintre
Naissance : 1839 ( Source ) Décès : 1898 ( Source )
Père : BIDAULD Jean Louis ( ? - > 1868 )
Mère : TERRIER Péronne ( ? - > 1868 )
Union : DESPORTES Marie Joséphine ( 1848 - 1922 )
Contrat de mariage : 25 janvier 1868 à Rossillon 01510 ( Source )
devant Maître Vespasien CLER, notaire à Rossillon.Mariage : 25 janvier 1868 à Rossillon 01510
Enfants : BIDAULD Jeanne ( 1872 - 1944 )
BIDAULD Louis ( 1874 - 1907 )
Note individuelle : De Neuville sur Ain. Jean Marie Desportes recevait les peintres paysagistes de l'école lyonnaise, dont Henry BIDAULD, qui s'éprit de sa fille Marie DESPORTES, l'épousa et se fixa à Rossillon en 1868.
Les Bidauld, originaires au 18e sciècle de Carpentras, étaient une famille de peintres, le plus connu en son temps fut le grad oncle d'Henri, Jean Joseph Xavier BIDAULD, membre de l'istitut, considéré comme un des chefs de l'école classique, peintre d'histoire. Il fut peintre de Charles X et de Louis Philippe.
Le grand père d'Henry, Jean Pierre Xavier BIDAULD, fut un peintre de genre estimé et graveur.
Henri BIDAULD était surtout paysagiste mais avait fait quelques portraits (celui de Joseph CASTIN, à Henri CASTIN, celui de sa fille Jeanne sous les traits d'une bergère gardant ses moutons, à la famille Pernollet, Belley).
Il fit le portrait en pastel de Joséphine GUILLERMET (1848, à Henri CASTIN) épouse de son cousin par alliance Barthélémy CASTIN, avec lequel il était lié d'amitié.
Il y a quelques années, un de ses grands paysages s'est vendu aux enchères 68 000 francs.
Il avait une grande barbe et une grande chevelure, aimait beaucoup la chasse. Il construisit la maison près de l'ancien passage à niveau de Rossillon et un atelier. Il fut maire de Rossillon.
Une branche des Bidault est apparentée au Général de Gaulle.
Extrait du dossier Castin - Desportes par Henri Castin, Novembre 1981
BIDAULD Henri ![]()
BIDAULD Jean Louis ![]()
TERRIER Péronne ![]()
BIDAULT ou BIDAULD Henri (1839-1898) «La chevière»
Huile sur toile, signée et datée 1884 en bas à droite. 121 x 75 cm. Petit-fils de Jean Pierre Xavier Bidault.
Plus largement, les artistes sont attirés par le Bugey, la variété de ses sites et son inépuisable réservoir de motifs. Les descriptions littéraires, comme celle de George Sand à son retour d'Italie (1836), vont jouer en la faveur de cette région et éveiller la curiosité et l'intérêt des peintres. Au-delà des facilités de transport entre Lyon et le Bugey après 1850, ce territoire possède d'autres atouts qui le font préférer au Pilat par exemple. Appian y vient dès 1866, puis découvre Nanthuy (près d'Hauteville dans le Haut Bugey) en 1869 et Artemare en 1870. Les bords de l'Albarine, le bois des Roches, la rivière d'Ain… sont une source d'inspiration inépuisable pour lui mais également pour d'autres artistes. Anthony Viot, par exemple, aime par-dessus tout le Bugey "noir" et ses sapins, ainsi que l'humidité des sous-bois. Les paysages de Bidauld sont également presque exlusivement bugistes (La route de Tenay, Le bois à Rossillon). En tout, on compte plus de cent artistes originaires de l'Ain ou d'ailleurs, venus peindre ou dessiner dans le Bugey pendant le XIXe siècle. Dans cette région, les Lyonnais créent des liens étroits avec les peintres de l'Ain.
Plus tard, une troisième capitale artistique voit le jour dans l'Ain, du côté de la Bresse : Saint-Paul-de-Varax. Attirant les mêmes artistes ainsi que d'autres talents, la Bresse et la Dombes toute proche opèrent leur charme sur les artistes du XIXe siècle, qu'ils soient Bressans (Louis Jourdan), Lyonnais (Saint Cyr Girier, François Vernay) ou Parisien (Louis-René Boulanger). Le regroupement d'artistes dans tel et tel lieu se fait bien entendu en fonction des personnalités : le Lyonnais Grobon se dispersera dans plusieurs sites à l'inverse d'Appian qui restera fidèle au Bugey, comme Viot avant lui.
Mais, d'autres facteurs interviennent en faveur de tel ou tel emplacement, comme la recherche précise d'un type de site. L'idéal du paysagiste de l'Ain se situe en effet dans les vallonnements, les étangs, les bords de rivières et les bouquets d'arbres… préférence qu'il partage avec les peintres lyonnais et qu'il a aisément trouvé dans les sites du département. Mais une différence existe entre eux : les peintres de l'Ain vont s'intéresser beaucoup plus que ces derniers aux lacs et aux grandes étendues d'eau présentes à la fois en Bresse et dans le Bugey.
L'ensemble du département sera ainsi parcouru par les artistes peintres en quête de paysages. A Bourg-en-Bresse même, Horace Fonville réalise de nombreux fusains de la ville et de ses environs, vers la fin de sa carrière. En 1880-1881, c'est un album de 40 vues de Bourg-en-Bresse, ses monuments, ses places, ses rues et ses environs, intitulé "De-ci, de-là dans Bourg-en-Bresse", qu'il conçoit sur un papier bleuté.
Les peintres de l'Ain : un groupe d'artistes à part entière
Même si les liens sont étroits avec les artistes lyonnais, les peintres de l'Ain constituent un groupe identitaire. Aidés en partie par leur âge (Chanut, Bidault et Dallemagne sont de la même génération), par le fait qu'ils habitent dans l'Ain à proximité les uns des autres et vont se rendre visite (Bidauld à Rossillon, Dallemagne à Corgenon puis à Vieu, Chanut et Son à Bourg, Fonville à Bourg puis à Montagnat…), ils sont liés par des liens d'estime, d'amitié et de solidarité artistique. Conséquence logique de cette émulation chaleureuse, va naître en 1904 la Société des Artistes de l'Ain qui organise des expositions collectives dès l'année suivante.
En guise de lieu de présentation de leurs oeuvres, les artistes investissent régulièrement la vitrine d'un encadreur, le Père Poulard, située rue Pasteur (anciennement "rue des Boucheries"). Cette exposition semble s'être progressivement organisée et la presse locale s'en fait ensuite l'écho.
L'atelier de Chanut à Bourg-en-Bresse, situé rue Charles Robin, est le lieu de réunion de nombreux peintres. Alfred Chanut (1851-1918), bien que non exclusivement paysagiste, est un peu l'âme du groupe de jeunes artistes. A côté, Johannès Son est l'ami fidèle et énergique qui se soucie de promouvoir et d'aider les autres artistes et notamment les peintres de l'Ain : membre de la Société d'Emulation de l'Ain, il lui cède une somme d'argent pour créer un prix destiné à récompenser un artiste. Sensible au talent de ses contemporains et guidé par une généreuse volonté, il lègue à sa mort 131 oeuvres à la Ville de Bourg-en-Bresse (donc au Musée de Brou), cet ensemble comprenant de nombreuses oeuvres de ses amis Chanut, Fonville ou encore Boulanger.
Antony VIOT
Rodez 1817 – Bourg-en-Bresse 1866
Antony Viot s'installe à Bourg-en-Bresse après avoir suivi l'enseignement du peintre genevois Alexandre Calame (1810-1864). Il peint l'hiver dans son atelier de la rue Bourgmayer et profite de l'été pour voyager. Sensible aux effets de lumière sur l'eau des rivières ou des étangs, il cherche aussi à évoquer le mystère des forêts profondes et le charme apaisant des vastes horizons de la Dombes ou de la Bresse.
Son habileté technique est encore largement empreinte des leçons de Barbizon et de la tradition hollandisante.
Léon DALLEMAGNE
Belley 1837 – Bourg-en-Bresse 1907
Il vient à Bourg-en-Bresse en 1860 pour suivre une carrière dans la magistrature.
Dallemagne y rencontre Viot, un vieil ami de son père, qui l'encourage à devenir peintre au vu de ses dispositions. Après un passage de 2 ans dans l'atelier de François-Louis Français, il envoie sa première oeuvre (un paysage) au Salon en 1865. Il peint des paysages de l'ensemble du département : la Bresse et la Dombes, Buellas où il réside un temps, Vieu dans le Bugey où il sera maire.
Il a un amour pour la terre de l'Ain qu'il cherche à communiquer avec nuance dans ses oeuvres.
"soleil couchant" (Le soir à Rossillon) - Léon DALLEMAGNE
Louis-René BOULANGER
Paris 1860 – Bourg-en-Bresse 1917
A l'Ecole nationale des Beaux-Arts, il est élève de François-Louis Français et d'Edmon Yon.
Son installation dans l'Ain (Belley puis Bourg) ne l'empêche pas de participer aux Salons officiels où il obtient plusieurs récompenses dont une médaille de 1ère classe qui le met hors concours en 1908 avec Soir de novembre à Pont d'Ain. Boulanger peint la Bresse et le Bugey d'après nature sans chercher à styliser ou recomposer.
"Les champs et les arbres, les eaux dormantes de sa région (…) lui étaient des prétextes à distribuer la lumière dans une facture large qui transfigure la réalité la plus banale grâce à des accents personnels posés d'une touche énergique" (Gérald Schurr).
peinture de Charles Pinet "ancienne gare de Rossillon"
huile sur carton signé Charles Pinet 1867-1932, médaillé d'argent à l'exposition universelle 1900 de1914 médaille d'or en 1927 , il fut élève de Gustave Morreau. ici il à peint ce paysage marqué au dos : ancienne gare de Rossillon ( village de l'ain 01510 ). oeuvre certifié authentique.
Titre L'Ain, ses peintres d'hier
Auteurs Marie-Dominique Nivière (dir.), Michèle Duflot, Philippe Guinot, Brigitte
Riboreau
Présentation édition Amis de Brou et Musée de Brou, Bourg-en-Bresse, 1998, 126
pages, 80 ill. coul., prix : 22,10€€
LE MUSEE DE BROU
Adresse 63 boulevard de Brou - 01000 Bourg-en-Bresse
tel : 04.74.22.83.83 - fax : 04.74.24.76.70
PONTHUS-CINIER Antoine - Rivière d'Ain à Neuville | |
Appian Adolphe
Paysage fermier
Huile sur toile signée en bas à gauche
60,5 x 50 cm
Note :
Adolphe Appian (1818-1898) est un peintre de l’École Lyonnaise, né à Lyon, il fut surnommé le « Delacroix du fusain ».
- De 1833 à 1836, il suit des études de dessin à l’École des Beaux-Arts de Lyon avec comme professeurs Jean-Michel Grobon et Augustin Alexandre Thierrat.
- En 1835, il expose au Salon de Paris et en 1847 à celui de Lyon, puis régulièrement dans les salons de ces deux villes à partir de 1855.
- En 1852, il rencontre Corot et Daubigny qui marqueront durablement son travail et sa carrière. Jusque-là, il se partageait entre musique et peinture; désormais, il se consacrera tout entier à la seconde.
- En 1862, il participe à l’Exposition universelle de Londres.
- En 1868, il obtient la médaille d‘or au Salon de Paris.
- En 1889, il participe à l’Exposition universelle de Paris.
Il a fréquenté Rossillon, un village alors apprécié par les peintres et il a passé de nombreux étés à Artemare où il a peint beaucoup de sites du Valromey. Ami des peintres de l’École de Barbizon, il a aussi effectué plusieurs séjours à Fontainebleau.
Quelques uns de ses tableaux sont exposés :
- en France : au musée du monastère de Brou, au musée Cantini de Marseille, au musée des Beaux-Arts de Lyon et celui de Nice,
- aux États-Unis : au Fine Arts Museums of San Francisco (Californie), au Cleveland Museum of Art (Ohio), au Dalhousie University Art Gallery (Halifax, Nouvelle-Écosse) et au Pomona College Museum of Art (Californie).
Il meurt à Lyon en 1898. Son fils Louis Appian (1862-1896) fut aussi un peintre.
Une Mare (Environs de Rossillon)
Adolphe Appian (1818-1898), Une Mare (Environs de Rossillon), etching, 1867 [signed and dated in the plate]. References: Burton 23, Curtis and Proute 23, Jennings 19, first state (of 3), before letters. Published (with letters) as no. 285 in Eaux-fortes Modernes, 5th year, May 1 1867. In good condition apart from moderate light stain, printed on a chine applique. 9 1/4 x 6 5/8, the sheet 18 x 12 1/2 inches.
Provenance: Ex Collection: San Francisco Museum of Modern Art, sold to benefit the Museum by Christie’s, New York, September 2006.